Synthèse : la démarche de définition des objectifs de gestion

1 - Identifier les enjeux majeurs
2 - hiérarchiser les besoins de protection
3 - Situer l'espace protégé dans son environnement régional
4 - Choisir les actions de conservation les plus appropriées
5 - Réaliser une analyse globale du rôle de l'espace protégé

 

Les perspectives d'évolution de l'occupation du sol et plus généralement de l'influence de l'homme sur les milieux naturels confèrent aux espaces protégés une importance de premier ordre. En effet, le bouleversement des paysages est encore loin d'être achevé en France et de nombreuses espèces ainsi que de nombreux types de milieux vont continuer à se raréfier. Certains d'entre eux risquent même de disparaître complètement. Leur protection ne pourra être assurée que sur des territoires qui seront gérés à des fins conservatoires. Or, malgré leur augmentation récente, les espaces protégés sont encore peu nombreux et ils ont le plus souvent une superficie très restreinte. Il est donc important que leurs objectifs de gestion leur permettent d'assurer aussi parfaitement que possible les responsabilités particulières qui leur incombent.

La démarche qui est proposée doit permettre de dépasser la simple perception affective qui prévaut souvent lorsque l'on traite de la protection de la faune et de la flore. L'identification des véritables enjeux n'est pas toujours immédiate et il est nécessaire d'effectuer une réflexion approfondie et rigoureuse sur le rôle de l'espace protégé, sur sa place dans l'environnement régional ainsi que sur la fonction qu'il devra assurer dans l'avenir.
Les paragraphes ci-dessous résument les points forts qui doivent guider cette réflexion.

1 - Identifier les enjeux majeurs

- L'identification des principaux enjeux de protection nécessite de considérer à la fois les espèces et les biotopes. Le repérage des types de milieux présentant un intérêt biogéographique particulier est en effet essentiel dans la mesure où des inventaires spécifiques complets ne sont que rarement réalisés avant la définition des objectifs de gestion. Une stratégie de protection qui s'appuie sur la conservation des biotopes plutôt que sur quelques espèces prises séparément permet d'autre part de mieux prendre en compte la dimension fonctionnelle des écosystèmes.

- C'est parmi les invertébrés, les vertébrés inférieurs et certaines catégories de phanérogames qu'il existe le plus d'espèces qui nécessitent les actions de protection les plus urgentes. Les groupes concernés ne sont pour l'instant que très peu pris en considération lors de l'élaboration des plans de gestion des espaces protégés.

- La difficulté de réalisation des inventaires ne doit pas être sur estimée, surtout lorsque la zone à étudier est de superficie assez restreinte. L'identification des espèces récoltées peut être effectuée grâce aux ouvrages disponibles dans le commerce ou avec l'aide de certains organismes scientifiques. La connaissance du statut des espèces est parfois plus difficile mais l'accès à la bibliographie qui permet d'analyser les répartitions géographiques est facilitée par l'utilisation des banques de données.

2 - hiérarchiser les besoins de protection

- La hiérarchisation des priorités de protection doit également être effectuée sur les espèces et sur les biotopes.

- Elle doit s'appuyer sur un certain nombre de critères dont les plus importants sont la rareté, la dimension (superficie des habitats, effectifs des populations), l'état de conservation et la vulnérabilité.

3 - Situer l'espace protégé dans son environnement régional

- Le choix des objectifs de gestion d'un espace protégé ne sera pas le même selon qu'il est isolé dans un environnement très artificialisé ou qu'il fait partie d'un ensemble naturel homogène et beaucoup plus vaste. Il est donc important de prendre en considération la répartition régionale (et même nationale ou internationale) des types de milieux qui y sont représentés. Cette réflexion permet d'autre part de faire apparaître le rôle que peut jouer le territoire concerné dans le maintien de la biodiversité.

- Il est également utile que les objectifs de gestion soient établis en coordination avec les autres espaces protégés de la région. Cette concertation permettra en effet une répartition plus efficace des efforts de protection et un renforcement des différents types d'actions engagées.

4 - Choisir les actions de conservation les plus appropriées

- Trois types d'actions peuvent être envisagés :

  • laisser le milieu suivre son évolution naturelle
  • 'efforcer de le maintenir en l'état (en bloquant tout processus d'évolution)
  • le restaurer pour en améliorer les potentialités ou revenir à un état antérieur.

- Le choix de l'une ou l'autre de ces stratégies dépend naturellement des résultats de l'analyse des enjeux de protection. Toutefois, les opérations d'aménagements qui entraînent une modification importante des conditions du milieu ne peuvent être décidées qu'une fois que des inventaires très complets ont été réalisés et que le fonctionnement écologique du site est suffisamment bien connu.

- Les aménagements doivent d'autre part éviter de fragmenter ou de réduire la superficie des biotopes les plus intéressants.

5 - Réaliser une analyse globale du rôle de l'espace protégé

- Outre leur fonction conservatoire, les espaces protégés peuvent jouer url rôle d'accueil et de sensibilisation du public, de participation au développement économique local etc ...

- Le but de la démarche de définition des objectifs est bien sûr d'établir des priorités mais les gestionnaires doivent, dans toute la mesure du possible, s'efforcer de rechercher les compatibilités qui permettront d'assurer simultanément les autres fonctions. Il convient en particulier qu'ils aient une réflexion approfondie sur le rôle social de l'espace dont ils ont la charge ainsi que sur les moyens de concilier ce dernier avec leur mission de protection du patrimoine naturel (aménagements paysagers, étude de la fréquentation par le public, programme de formation de naturalistes ... ).